Bore out et brown out, quand l'ennui et la répétition des tâches tuent le travail

Burn out, bore out, brown out… la liste n’en finit pas de ces nouveaux termes qui fleurissent dans nos entreprises ! Derrière eux se cache un mot : le stress. Selon l’Agence Européenne pour la Sécurité et la Santé au Travail, le stress serait à l’origine de 50 à 60% de l’ensemble des journées de travail perdues. En cause : le surmenage, de trop grandes exigences, des rapports professionnels dégradés, l’ennui, la démotivation, etc. Jeunes diplômés et cadres actifs sont les premiers touchés par ce nouveau fléau.

Alors bore out et brown out : « effet de mode » ou réel enjeu de société ?

 

Que se cache-t-il derrière ces nouveaux syndromes ?

 

On connait déjà bien le fameux « burn out » ou « syndrome d’épuisement professionnel » qui se caractérise comme un « état d’épuisement physique, émotionnel et mental lié à une longue exposition à des situations exigeant une implication émotionnelle importante ». C’est la définition fournie par le Ministère du Travail en 2015 et qui dénote une certaine dégradation du rapport au travail. Difficultés de concentration, fatigue récurrente, indifférence par rapport au travail… Autant de symptômes avant-coureurs, comme l’évoque le Cabinet Eléas. Aujourd’hui d’ailleurs, 1 salarié sur 5 serait au bord de l’épuisement professionnel. Mais le terme « burn out » se popularise chaque jour un peu plus, au point de donner naissance à de nouveaux dérivés, construits sur le même schéma linguistique : bore out ou encore brown out.

Le bore out -contraire du burn out – est un « syndrome d’épuisement professionnel par l’ennui » entrainant anxiété, fatigue et déprime. Mis en évidence par Werder et Rothlin, ils affirment que le bore out dont la principale illustration est l’absence de tâches stimulantes, a été négligé par les employeurs car c’est en effet le stress qui serait devenu un marqueur social, à l’instar du burn out. Au début ressenti comme de l’anxiété et de la tristesse, le bore out mute petit à petit en un fort sentiment de dévalorisation de soi, pouvant se transformer en dépression.

Vient ensuite le brown out, syndrome de la perte de sens au travail. Il en découle une lassitude et un certain cynisme de celui ou celle qui en est victime menant à un désintéressement progressif de son travail. Selon l’Ipsos [1] environ 54% des travailleurs Français seraient démotivés ou désengagés par leur travail ; un chiffre qui s’abaisse à 37% au niveau mondial. Les profils « expérimentés » et les jeunes diplômés sont les premières victimes de cette nouvelle torture mentale.

 

Le syndrome d’épuisement : entre manque d’épanouissement et crise existentielle

 

Ces nouvelles pathologies du travail posent de réelles problématiques dans les organisations : réorganisation, charge financière, loyauté, conflits de valeur, etc. Les salariés en proie à ces maux, développent des stratégies pour lutter contre leurs symptômes.

Ainsi, un salarié en bore out aura tendance à faire durer ses tâches beaucoup plus longtemps (stratégie d’étirement des tâches) pour « combler » le temps alloué mais non nécessaire à la réalisation du travail. Il mettra aussi en place une stratégie de pseudo investissement visant à simuler l’engagement professionnel en étant présent et assis à son bureau, parfois même après les horaires de travail. Emprisonné dans cette spirale, le salarié se sent incapable de demander des tâches plus stimulantes ou encore de soulever le problème avec ses supérieurs.

Ces situations sont aussi sources de contraintes pour l’employeur car elles représentent une réelle charge financière, augmentent le risque d’arrêts de travail et diminuent la loyauté envers l’entreprise. La solution pourra donc être de réétalonner le travail et de repenser la dynamique de groupe dans son ensemble afin de répartir les tâches de façon plus équitable.

Quant au brown out, il est susceptible de développer des conduites à risques et addictions, en guise de « palliatif » : grignotage, pauses cigarette plus fréquentes et plus longues, alcool. Des attitudes qui présentent un risque d’accidents cardiovasculaires deux à trois plus élevé que dans le cas d’un salarié stimulé par son travail. A long terme, perte de l’estime de soi, remise en question, déstructuration de la personnalité et dépression sont les maux les plus fréquents.

Ne nions pas pour autant qu’il existe des facteurs individuels pouvant influencer les comportements d’un individu : instabilité émotionnelle, conscience professionnelle, implication dans son travail, etc.

 

A une époque où la technologie prend de plus en plus le pas sur notre quotidien, on pourrait penser qu’elle pourrait nous désinvestir des tâches les plus pénibles, notamment du secteur tertiaire. Il n’en est rien et de nouvelles pathologies apparaissent sans cesse, accroissant de plus belle le mal être de certains salariés. De quoi remettre en cause l’organisation du travail et réellement nous interroger sur la notion de qualité de vie au travail.

 

[1]Rapport d’étude Internationale Steelcase, 2016, « L’engagement et l’espace de travail dans le monde http://www.adverbe.com/wp-content/uploads/2016/02/STEELCASE_IPSOS_GLOBAL-REPORT-EMEA-FR.web_.pdf

 


Article rédigé par

Aurélie Methion, Responsable Communication